Sade, un athée en amour

Exposition et colloque « Sade, un athée en amour », Fondation Bodmer, du 6 décembre 2014 au 12 avril 2015

Longtemps le nom de Sade a été objet de scandale, d’exécration ou, au contraire, d’admiration lyrique. Pour le bicentenaire de sa mort, il est temps de le présenter comme un moment essentiel de notre histoire culturelle. Il est à replacer dans de longues traditions, celle de la littérature amoureuse depuis Pétrarque (la famille de Sade descend de Laure, chantée par le poète italien), celle d’une lignée aristocratique provençale éprise d’honneur. Comment comprendre les ruptures qu’il incarne, ses obsessions de violence et de sexe ?

Entre l’Italie où il connaît des cavales heureuses et la prison où il passe la moitié de sa vie, entre le passé féodal et la Révolution, Sade bascule dans l’imaginaire. Il nous laisse une œuvre inachevée, en partie détruite, qui est un défi. Illustrateurs et cinéastes ont voulu mettre des images sur ses mots. Les débats idéologiques et nationaux ont parasité sa lecture. Sade s’impose désormais, dans ses manuscrits et ses publications, comme un écrivain essentiel.

L’exposition propose un regard nouveau sur un auteur majeur qu’il est urgent de débarrasser des préjugés et des lieux communs pour le lire dans ses œuvres et dans ses écrits les plus intimes: un auteur qui résume son siècle et sa passion du plaisir, mais aussi ses abîmes, ses gouffres, tout ce qui fait de Sade l’inventeur de la modernité en littérature, le précurseur d’une science de l’inconscient, l’analyste implacable des passions les moins avouables. L’exposition de la Fondation Martin Bodmer invite chaque spectateur à juger par lui-même, preuves en mains.

Commissaire de l’exposition : Prof. Michel Delon, Université Paris-Sorbonne
Sous la direction de Prof. Jacques Berchtold

Dossier de presse (pdf)
Lien vers la Fondation Bodmer


« Les langues de Sade », 27-28 février 2015

Colloque organisé par Philippe Roger (CNRS, EHESS) et Martin Rueff (UNIGE) avec la collaboration de Fabrice Brandli (UNIGE)

Université de Genève, Bastions

Que le libertinage soit un « fait de langage » paraît peu contestable. Sade ne fait pas exception, mais sa singularité est ailleurs : dans la coexistence de « mille autres langages » avec les langages, eux-mêmes « polychromes » (Barthes), de ses libertins. Le texte sadien en est tressé. D’où sa tension, comme d’une corde ou d’un câble. D’où aussi sa munificence : c’est d’une cornucopia que coule cette inlassable écriture. On associera dans ce colloque la question des « langues de Sade » (celles qu’il connaît, qu’il aime, qu’il pratique : le français, le provençal, l’italien) à celle des « langages » qui traversent son écriture : logique, gourmand, libidinal, esthétique, pénal, etc. Et l’on prêtera l’oreille à l’étrange phrase sadienne, à sa grammaire, à sa diction, à sa cadence, avant d’interroger, en miroir, la manière dont les langues étrangères – allemand, arabe, anglais, chinois, espagnol, hongrois, italien, japonais ou russe – s’emploient à rendre avec des bonheurs divers cette étrangeté. En quelles langues parle Sade ? Quelles langues parlent en Sade ? Comment les autres langues le font-elles parler ? Telles sont, en somme, les trois questions que nous nous poserons au cours de ces journées.

Programme du colloque (pdf)