Entre l’œil et le monde (1740-1840)

Entre l’œil et le monde: dispositifs et expédients d’une nouvelle épistémologie visuelle dans les sciences de la nature (1740-1840), Colloque international organisé par l’Université de Neuchâtel, en collaboration avec le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel.

Lieu: Muséum d’histoire naturelle, rue des Terreaux 14, 2000 Neuchâtel

L’épistémologie visuelle subit, au XVIIIe siècle, de nombreux bouleversements. Dans l’espace des sciences de la nature, le perfectionnement de la microscopie et l’intérêt croissant pour les micro-organismes, notamment, conduit les savants à se pencher sur des objets invisibles à l’œil nu, dont l’identification peut s’avérer extrêmement complexe : comment décrire ce qui a été vu ? Comment diriger la vision d’autres observateurs vers les mêmes objets ? Les échanges sur le type de matériel à utiliser, les préparations à effectuer, témoignent d’une prise de conscience progressive de la complexité de l’acte d’observation ; celui-ci résulte toujours d’une forme d’apprentissage, déterminé non seulement par les circonstances concrètes de l’observation, mais également par la mise en place d’un langage, qui participe activement du processus de reconnaissance.

Il ne s’agit donc plus uniquement de voir : tout le savoir sur la nature semble se construire autour d’une exigence de « mise en scène » (expérimentale, textuelle, iconographique), qui dicte comment voir et comment dire ce qui a été vu ; par réciprocité, cette mise en scène guide le regard et le pousse à chercher – et appréhender – certains objets plutôt que d’autres. Par conséquent, voir n’est plus un acte spontané : l’acte perceptif intègre une procédure normée, comme l’est également, de plus en plus, le discours qui en rend compte.

De manière à rendre cette rencontre aussi cohérente que possible, nous focaliserons notre attention sur les tensions qui surgissent progressivement entre l’idéal d’une vision et d’un rendu mimétiques de la nature, et les décalages qu’implique l’activité concrète de la vision.
Il s’agira plus particulièrement de problématiser la mise en visibilité, ou mise en scène d’une observation à laquelle il semble impossible d’accéder « naturellement », en nous concentrant sur les dispositifs et expédients visuels qui postulent un rapport d’immédiateté entre l’œil et l’objet ou, au contraire, le mettent en question.

Cette rencontre est envisagée comme le deuxième volet du colloque « „Der Augen Blödigkeit“. Trugwahrnehmungen und visuelle Epistemologie im 18. Jahrhundert. / « La bêtise des yeux ». Illusions des sens et épistémologie visuelle au XVIIIe siècle » qui a eu lieu à Neuchâtel en novembre 2014.

Le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel proposera aux participants une présentation de quelques-uns de ses fonds iconographiques

Conception et organisation :
Nathalie Vuillemin (Université de Neuchâtel)
Evelyn Dueck (Martin-Luther-Universität Halle-Wittenberg)
Rossella Baldi (Université de Neuchâtel / Musée international d’horlogerie)
Hanna Secher Fromell (Université de Neuchâtel)

Programme du colloque