Discours en forme de lettres sur le gouvernement de Genève (1735)

Micheli DU CREST, Discours en forme de lettres sur le gouvernement de Genève (1735), éd. par Kenneth Goodwin, Guillaume Poisson, Gabriella Silvestrini et Richard Whatmore, coll. Travaux sur la Suisse des Lumières, Textes 3, Genève, Editions Slatkine, 2011, 336 p.

Dans son Discours en forme de lettres sur le gouvernement de Genève – terminé en 1735 et resté à l’état de manuscrit jusqu’à ce jour – Micheli du Crest expose pour la première fois, de manière systématique, sa pensée politique dans un effort de justification et de défense vis-à-vis des « injustes sentences » dont il est frappé. Preuve, selon lui, de la dérive tyrannique du régime genevois où la souveraineté originelle du peuple est en train d’être confisquée par un petit nombre de magistrats. Le destin et les œuvres de cet aristocrate « révolté » ne manquent pas d’éclairer – voire de préfigurer – plusieurs aspects des vicissitudes genevoises de l’auteur du Contrat social. Mais, au-delà de l’affaire Rousseau, la théorie de Micheli du Crest est en elle-même d’un intérêt indéniable par sa manière de combiner une conception radicale de la souveraineté exercée directement par le peuple avec une vision hiérarchique et aristocratique des bases sociales de la démocratie. Ce Discours en forme de lettres présente une expression originale du républicanisme protestant qui, avec ses multiples variantes, contribue à façonner de manière caractéristique la pensée politique de la Suisse des Lumières.