Educating Russia’s Princes

Projet du Fonds National Suisse 2016-2019

Educating Russia’s Princes: Swiss Enlightened Tutors at the Court of Catherine the Great

Ce projet international, soutenu conjointement par le FNS et par le Fonds national russe pour la recherche scientifique, porte sur le rôle méconnu des précepteurs et gouvernantes helvétiques présents de manière continue à la cour russe pendant plus de trois décennies. Il entend contribuer à combler simultanément deux lacunes. La première a trait à l’histoire des relations culturelles suisso-russes, jusqu’ici principalement considérées sous l’angle littéraire, tandis que les études dévolues à l’émigration suisse en Russie ont porté peu d’attention à l’«émigration éducative» des XVIIIe-début du XIXe siècles. La seconde concerne l’histoire des Lumières helvétiques dont la diffusion en Russie a peu été examinée en dehors du milieu scientifique (par le biais des Suisses membres de l’Académie russe des sciences).

Le projet vise à mieux comprendre pourquoi un nombre non négligeable de Suisses (tels F.-C. de La Harpe, J. Huc-Mazelet, E. Monod, L. et J. de Sybourg, L.-D. du Puget etc.) sont venus en Russie dans le dernier tiers du 18e siècle, selon quels critères ils furent admis à la Cour, comment ils y vivaient et quelle était leur perception du pays. Il entend aussi mettre en évidence la place de la Russie dans la tradition d’engagement d’éducateurs francophones, l’importance de l’image mythique de la Suisse (« Alpenbegeisterung ») dans ce recrutement, et le rôle de médiateurs d’idées et de pratiques des Lumières joué par les éducateurs suisses. Plutôt que l’influence de ces derniers, il s’agira de déterminer les contextes dans lesquels l’enseignement a permis une transmission de connaissances et de compétences, les sources de ces dernières, et leur transformation (voire, le cas échéant, leur rejet) dans leur milieu de réception. Une attention particulière sera dévolue à l’apparent paradoxe que constituent le choix d’éducateurs républicains par des autocrates, et le choix de républicains d’œuvrer auprès de futurs monarques.

Dans une perspective d’histoire croisée, chercheurs russes et suisses travailleront en étroite collaboration sur le même corpus documentaire : correspondances, journaux personnels, rapports etc. qu’ils collecteront dans les archives suisses et russes. Une partie de cette riche documentation sur l’éducation princière sera valorisée (1) sur la plate-forme de l’université de Lausanne « Lumières.Lausanne » et (2) dans le cadre d’une monographie et d’articles, ainsi que (3) d’une thèse de doctorat sur l’enseignement de l’histoire de F.-C. de La Harpe au futur tsar Alexandre Ier (Matthieu Clément).

Direction du projet :
Prof. Danièle Tosato-Rigo, Université de Lausanne
Prof. Andrei Andreev, Université d’Etat Lomonossov, Moscou