Infortunes du jeune chevalier de la Lande

Jean-Louis BRIDEL, Infortunes du jeune chevalier de la Lande, coll. Travaux sur la Suisse des Lumières, Textes 1, Genève, Editions Slatkine, 2002, 160 p.

Reposant sur une donnée historique contemporaine, ce récit retrace les étapes d’une destinée marquée par l’insatisfaction et par l’échec. Le héros, jeune Français attiré par la carrière des armes, se signale par son instabilité caractérielle autant que par sa capacité à se justifier au nom de bons sentiments ; après avoir rompu une relation sentimentale qui lui avait fait croire un moment à la possibilité du bonheur, il connaîtra la fin misérable du déserteur exilé et abandonné de tous. Par son sentimentalisme ostentatoire, son abandon aux impulsions de la nature, sa mélancolie diffuse et l’amertume de ses réflexions sur l’existence, le chevalier de La Lande incarne ainsi un personnage préromantique, reflétant la mentalité et les goûts de son époque.
Ce bref roman par lettres, paru à Lausanne en 1781, est dû à la plume d’un pasteur érudit et moraliste, appartenant à une famille vaudoise célèbre et frère du doyen Bridel. Prenant la forme d’une correspondance adressée à un ami confident, parsemé d’anecdotes, de pièces en vers et de tours sentencieux, il fait la part belle aux épanchements d’un cœur trop sensible pour lequel la vertu ne consiste guère qu’à obéir à ses propres élans.