Quand le peuple devint roi

Eric GOLAY, Quand le peuple devint roi. Mouvement populaire, politique et révolution à Genève 1789-1794, coll. Travaux sur la Suisse des Lumières 3, Genève, Editions Slatkine, 2001, 688 p. 

Cet ouvrage a une double ambition. D’une part, mettre en lumière une période de l’histoire de Genève peu connue et le plus souvent délibérément occultée. D’autre part, livrer une tranche de vie populaire du xviiie siècle, avec ses passions et ses antagonismes, ses bons mots et ses violences, ses espoirs et ses craintes, sa raison et son utopie, son bon sens et sa folie.
La période révolutionnaire genevoise présente un intérêt multiple. Pour la première fois, le suffrage universel est intégralement appliqué dans une cité, jusqu’à l’extrême limite de ses contradictions. Pour la première fois, le langage est celui de la politique moderne que nous connaissons, même si cette politique se greffe sur une société qui nous paraît archaïque. Pour la première fois, le peuple peut s’exprimer librement, réclamer, s’organiser, agir. Et par le vote, il est consulté sur la moindre question.
Certes, cela ne va pas sans problèmes. Les principes sont trop nouveaux et le système est encore mal établi. Les oppositions sont nombreuses. De la peur d’un retour de flamme résulte une vigilance qui provoque des tensions et limite de fait la liberté d’expression : on la voudrait accordée à tous et le peuple révolutionnaire ne la donne pas aux opposants. L’expérience ne se déroule pas dans un climat économique serein. Les vivres et le travail sont rares; or, que faire de la liberté quand on a l’estomac vide ? A l’extérieur, la proximité des armées françaises a permis la Révolution, mais la France se défie de la cité demeurée indépendante.

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